Pour aider les startups, des moyens, oui, mais surtout moins de contraintes

par Jérôme Faul

Ce que l’Etat peut faire, c’est adapter les règles du jeu dans des secteurs clés de l’économie pour construire le monde de demain plutôt que de rester figé dans les carcans du monde d’hier.

Lorsqu’on me demande ce que l’Etat peut faire pour aider les start-up me revient invariablement en mémoire cette citation du président Ronald Reagan : « The nine most terrifying words in the English language are : I’m from the government and I’m here to help » (NDLR : les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont : je travaille pour le gouvernement et je suis là pour vous aider).

La réponse usuelle dans notre pays à ce genre de questions consiste à réclamer plus de moyens financiers : investissements ou subventions dans le cas qui nous occupe ici. Le placement préféré, à long terme, des Français est l’assurance vie, mais celle-ci n’étant que marginalement investie en actions et pas du tout dans l’innovation, l’Etat se retrouve de facto comme le principal pourvoyeur de fonds pour les start-up. C’est une situation qu’il a lui-même créée et dont on ne voit pas comment il pourrait en sortir tant qu’on aborde le sujet de son aide et de son accompagnement qu’en termes financiers.

Avant de financer l’économie, l’Etat doit la réguler. Souvent, notre problème vient de ce que nos règles, dans de nombreux secteurs, se sont empilées depuis des décennies dans une sorte de frénésie qui a cristallisé nos activités selon des fonctionnements qui nous empêchent d’envisager un monde à la mesure des enjeux qui sont maintenant les nôtres, notamment en matière d’environnement, de santé et de souveraineté.

Si l’on admet que, sur ces sujets, nous prenons des risques importants à ne pas avancer suffisamment vite, alors on doit également admettre qu’il est urgent et nécessaire de relâcher certaines contraintes règlementaires, quand bien même cela réclamerait une prise de risque accrue ou une limitation du principe de précaution. On s’épuise déjà, par exemple, à réguler l’IA alors qu’on pourrait passer plus de temps à s’appuyer sur la technologie pour innover.

Délais trop longs. Est-il normal qu’une start-up française dans le domaine médical obtienne pour ses produits plus rapidement un agrément aux Etats-Unis qu’en France ? Est-il normal qu’une plateforme internet de partage de sièges en avion ne puisse se déployer en France qu’un an après l’avoir fait en Allemagne ? Est-il normal qu’il faille compter cinq ans pour obtenir des autorisations d’exploitation de petits réacteurs nucléaires alors que la technologie est maîtrisée depuis un demi-siècle ? Est-il normal de ne pas savoir quand et à quelles conditions les drones pourront être utilisés dans l’espace public ?

Et pourtant, la France sait faire preuve d’audace et a montré dans le passé qu’elle était capable de devancer un certain nombre de pays. Il convient aujourd’hui de s’inspirer de ces succès. Ce que l’Etat peut faire pour aider les start-up, favoriser l’innovation et bénéficier à la société dans son ensemble, c’est adapter les règles du jeu dans des secteurs clés de l’économie pour construire le monde de demain plutôt que de rester figé dans les carcans du monde d’hier.

Jérôme Faul, président du directoire d’Innovacom (groupe Turenne)