Oso-AI lance un boitier coconstruit avec les Ehpad pour gérer les nuits

21 septembre 2021

L’innovation d’Oso-AI, dédiée à la reconnaissance d’un environnement sonore par intelligence artificielle, a été expérimentée pendant 18 mois dans des établissements de la Croix-Rouge, du CHRU de Brest et de la Mutualité Française. L’objectif, répondre au plus près aux besoins du secteur médico-social.

« La force de notre entreprise, c’est d’aller sur le terrain », affirme Olivier Menut, président d’Oso-AI, start-up brestoise de 25 salariés spécialisée dans la reconnaissance des sons grâce à l’intelligence artificielle. De fait, l’expérimentation a été le fil directeur du développement de la société depuis sa création en 2018 par quatre scientifiques, Claude Berrou, Gilles Debunne, Olivier Menut et Philippe Roguedas.

Le produit phare d’ Oso-AI , un petit boîtier qui fait office d’oreille augmentée pour les soignants a été conçu après plus d’une trentaine de nuits passées en Ehpad par les équipes techniques.

Installé dans les chambres des résidents, il détecte tout bruit anormal, chute, cri, appel, vomissement et informe le personnel via un smartphone. Le soignant peut alors réécouter les sons pour lever les doutes et se déplacer pour porter de l’aide immédiatement, sans attendre la prochaine ronde de nuit dans les chambres.

La Croix-Rouge, premier partenaire

Les entrepreneurs associés ne connaissaient rien au secteur médico-social. « La Croix-Rouge nous a orientés vers ce type de besoin à destination des personnes fragiles car, en moyenne, un Ehpad compte seulement 2 membres du personnel la nuit pour surveiller 80 résidents. En novembre 2019, nous avons installé des boitiers dans deux Ehpad gérés par l’association humanitaire, l’un à Lyon et l’autre à côté de Chambéry », explique Olivier Menut.

Le nombre de chambres équipées est vite passé d’une vingtaine au départ aux 170 chambres des deux structures, tant le dispositif rencontrait du succès auprès des soignants libérés d’une partie de leur charge mentale. A partir de là, le développement du boitier s’est fait par itérations successives basées sur le retour du personnel médical et nourries de nombreux échanges avec les aides-soignantes.

Murielle Jamot, directrice des métiers et des opérations et chef du projet à la Croix-Rouge française, témoigne : « Le premier produit permettait de détecter les chutes et les appels au secours. Puis une demande est remontée de reconnaissance des périodes de sommeil des résidents pour éviter de les déranger lors des tournées nocturnes. Enfin, le système a été enrichi pour identifier les demandes dites de confort, tel le besoin d’une couverture. »N

Nouveaux usages

Un comité de pilotage mensuel réunissant les équipes d’Oso-AI et celles des établissements a été mis en place plus formellement. « Nous avons eu beaucoup de discussions sur les usages par les soignants. Quand faut-il qu’ils interviennent ou non ? », raconte Murielle Jamot.

De leur côté, pour élargir le spectre des applications du boitier, Oso-AI s’est rapproché dès 2020 des établissements de soins de suite du CHRU de Brest, ainsi que du centre de la Mutualité Française installé dans le Finistère, qui couvre le handicap. « Des demandes plus médicalisées nous sont remontées, comme la reconnaissance des bruits des pousse-seringues ou des respirateurs. L’analyse de communications non verbalisées est aussi revenue de ces expérimentations », décrit Olivier Menut. Toutes ces expériences ont également permis la construction d’une base de données plus riche, essentielle pour l’ intelligence artificielle .

Co-développement étendu au modèle d’affaires

La co-construction avec la Croix-Rouge, initiée sur le plan du produit, devrait se prolonger en matière de commercialisation. « Naturellement, nous nous orientons vers un service d’ abonnements de type Saas mais les différents établissements de la Croix-Rouge n’ont pas le même statut : certains sont habilités à l’aide sociale, d’autres non. Nous cherchons avec l’institution la meilleure solution à moindre surcoût pour les résidents », développe Olivier Menut.

Lauréat en 2021 du premier prix de la bourse Charles Foix , décerné par la Silver Valley (réseau de plus de 300 acteurs engagés dans des solutions au profit des seniors), Oso-AI vient de signer les premiers contrats de vente de son boîtier mais ne se prononce pas sur un chiffre d’affaires prévisionnel. « Nous sommes pragmatiques, nous nous sommes entourés et appuyés sur notre réseau pour concevoir notre produit. La clé de notre histoire est l’écoute », conclut Olivier Menut.

à propos de OSO-AI

Start-up spécialisée dans les solutions d’intelligence artificielle qui identifient et comprennent les sons et les bruits de l’environnement avec pour objectif de déployer dans les établissements Médico-Sociaux et de Santé une nouvelle gamme de services allant de l’assistance aux personnes à l’aide aux diagnostics.

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