par Vincent Deltrieu
En visite à Vivatech, le président de la République Emmanuel Macron a vanté le succès de la French tech et les atouts liés à cette vitalité entrepreneuriale. Nos start-ups créent de l’emploi, des emplois industriels notamment, contribuant à améliorer la compétitivité de notre industrie et notre souveraineté. Terreau très fertile en matière d’innovation, la France présente un potentiel énorme et dispose d’atouts clés pour que ses savoir-faire industriels et technologiques se conjuguent et se nourrissent mutuellement.
La France continue à se distinguer par un niveau de recherche élevé et un nombre de dépôts de brevets dans des secteurs très variés grâce au dynamisme de nos champions industriels et de nos laboratoires de recherche comme le CEA, le CNRS ou encore l’Inserm. Une compétence de plus en plus indispensable dans un monde ouvert et compétitif où la maîtrise de la technologie fera les champions de demain.
L’innovation est devenue un prérequis essentiel pour garantir la compétitivité de nos industries. Dès les années 1970 aux États-Unis, les géants du high-tech comme Intel puis un peu plus tard comme Cisco ont très rapidement compris l’intérêt de développer un écosystème entrepreneurial autour d’eux afin d’innover le plus rapidement possible et de préserver leurs parts de marché. De là est né le corporate-venture, capable d’identifier les game changers et de les faire grandir.
Ces collaborations entre industriels, chercheurs et capitaux-risqueurs sont un maillon essentiel pour assurer de la création de valeur stratégique et financière qui profite à l’ensemble des parties prenantes et permettre à notre industrie de se transformer. Pour aller plus vite et plus loin, plusieurs obstacles méritent encore d’être levés pour que ce type de passerelles puisse se généraliser et porter ses fruits.
Le constat est de plus en plus partagé dans l’écosystème de la French tech : il faut décloisonner les univers afin de multiplier les collaborations entre grandes entreprises, laboratoires publics de recherche et start-ups. C’est le sens des recommandations notamment issues du récent rapport Hello Tomorrow et le BCG. Cela passe d’abord par une valorisation de ces rapprochements. Côté Corporate, cela permet aux industriels de répondre au défi essentiel et permanent de l’innovation ; côté recherche, cela ouvre aux chercheurs l’opportunité de devenir de véritables « chercheurs-entrepreneurs » et de commercialiser des technologies de rupture à même de bousculer un marché.
Les exemples de rapprochement réussi ne sont pas isolés. Le rachat de la start-up tricolore G2Mobility par Total a permis au groupe pétrolier de faire un bond vers les nouvelles mobilités en intégrant une solution qui contrôlait déjà 10 000 bornes de recharge pour voitures électriques. Le rachat de la start-up Exagan, leader des matériaux semi-conducteurs innovants, par le géant STMicroelectronics illustre également l’utilité pour des groupes soucieux de protéger leur souveraineté industrielle de s’appuyer sur des pépites technologiques en croissance.
Pour renforcer ce type de partenariats, il est urgent d’aller un cran plus loin dans la collaboration entre start-ups et grands groupes. Parmi les pistes que nous pouvons collectivement envisager : consolider les relations entre industriels et chercheurs pour favoriser les rapprochements, encourager les acquisitions industrielles, étendre le crédit d’impôt recherche à l’achat de start-up deep tech, rémunération des start-ups à leur juste valeur… Autant de pistes qui méritent, dans le contexte de Vivatech et dans une séquence désormais pré-électorale, d’être explorées et portées.
Avec des industriels solides et des trésors technologiques que nos laboratoires de pointe savent créer, les ingrédients sont réunis pour encourager la réindustrialisation et protéger des pans de notre souveraineté technologique.