Le gouvernement a récemment annoncé un plan d’aide de 4 milliards d’euros en faveur des start-up, secouée par la crise du Covid-19, pour aller au-delà des mesures générales s’appliquant aux PME et ETI. Ce traitement avantageux est contestable, estime Jérôme Faul.
La crise sanitaire que traverse le monde se traduit par une pluie de milliards pour préserver tant le pouvoir d’achat des consommateurs que les capacités de production industrielle à travers le monde. Les start-up n’échappent pas à cette tentative de sauvetage d’urgence. Le gouvernement a récemment annoncé un plan d’aide de 4 milliards d’euros en leur faveur pour aller au-delà des mesures générales s’appliquant aux PME et ETI.
L’emblématique Marc Simoncini, créateur de Meetic et investisseur, est venu alimenter le mythe de l’apocalypse par un tweet alarmiste : «En tant qu’entrepreneur, j’ai vécu le krach de 1987, puis celui de 2000 et celui de 2008. Au vu de ce qui remonte de toutes nos start-up, ça va piquer fort, beaucoup beaucoup plus fort…», a-t-il ainsi clamé, justifiant ainsi un traitement particulier en faveur des jeunes entrepreneurs de la French Tech.
Un traitement particulièrement avantageux des start-up vis-à-vis des autres PME serait parfaitement contestable. Une start-up est-elle une entreprise comme une autre ? Assurément non puisqu’en raison de son jeune âge, elle ne dégage encore pas suffisamment de revenus de la vente de ses produits ou des services qu’elle propose pour compenser le poids de ses charges. Ses possibilités de croissance reposent donc sur les ressources financières extérieures qu’elle est capable des récolter auprès d’investisseurs que sont les investisseur providentiel ou les fonds de capital-risque.
Dans la période de crise que nous vivons, l’État a légitiment choisi de soutenir massivement l’économie et les entreprises tricolores que ce soit avec des différés de paiement sur certaines charges, des prêts garantis, l’assouplissement des dispositifs de chômage partiel, etc. Avec un objectif : alléger les besoins de trésorerie, éviter des crises de liquidité de nos entreprises et PME-TPE matures surtout dont la source de cash est lié à des ventes amputées par les mesures de confinement. Ce sont les entreprises qui produisent les produits et services dont on a un besoin crucial aujourd’hui.
Les start-up, à l’inverse, ne réalisent que peu de chiffre d’affaires. Cette partie de l’équation dans leur trésorerie est donc, en proportion, moins affectée par la crise. Leurs produits et services nous seront indispensables… dans le futur. Face à la crise actuelle, le futur pourra attendre un peu alors que les problèmes du présent doivent être résolus d’abord.
Surtout, les start-up ont des actionnaires privés de référence dont c’est le métier de les soutenir sur la durée. En France, ces investisseurs et les star-up elles-mêmes sont déjà très soutenus par la puissance publique au travers de nombreux mécanismes : réductions ou crédits d’impôts, subventions, prêts à taux zéro, fonds publics, etc. La French Tech a, dit-on, levé d’importants montants ces dernières années. Tous les capital-risqueurs n’ont pas déserté dans la tempête. Ils savent que les sociétés vraiment innovantes survivront. Il y a largement de quoi gérer la crise actuelle avant de décider, quand nous aurons plus d’éléments entre les mains, comment nous voulons aider le futur à reprendre de l’avance avec ou sans plan d’aide public…