Les Echos : lON-X, la start-up qui développe une nouvelle génération de moteur pour les satellites

11 décembre 2024

lON-X, la start-up qui développe une nouvelle génération de moteur pour les satellites.

ION-X a fabriqué son prototype dans une salle blanche, mais doit désormais passer à la phase industrielle.
ION-X a fabriqué son prototype dans une salle blanche, mais doit désormais passer à la phase industrielle. (ION-X)

Le 11/12/2024, Spin-off du CNRS, cette start-up qui vient de lever 13 millions, va tester en condition réelle son moteur en janvier 2025 avec son partenaire danois Space Inventon. Elle espère en produire 200 par an à horizon 2028.

C’est bientôt le moment de vérité pour ION-X : la start-up qui développe des moteurs innovants pour les petits satellites fera, le 16 janvier 2025, sa première démonstration dans le cadre d’une mission de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le prototype a été fourni, en mai dernier, à son partenaire danois Space Inventor. Le vol sera, lui, assuré par un Falcon 9 de SpaceX, leader mondial du New Space.

« Nous avons appris énormément. Pour l’équipe et moi, cette mission est d’ores et déjà un succès », se félicite Thomas Hiriart, le patron d’ION-X. Le moteur sera testé pendant une durée de six mois, au cours de laquelle la jeune pousse va pouvoir multiplier les tests.

Ces derniers seront cruciaux pour industrialiser son moteur. Une étape stratégique qui sera financée par une levée de fonds de 13 millions d’euros – dont 8,5 millions en dilutif – que ION-X vient de boucler auprès des fonds Expansion, Technofounders Participation, EIC Fund et Ile-de-France Réindustrialisation (opéré par Innovacom).

Promesses environnementales et économiques

« Nous voulons atteindre une cadence de 200 moteurs par an à horizon 2028 », se projette Thomas Hiriart, ancien cadre d’Arianespace, de la Nasa et du Centre national des études spatiales. Il s’est associé pour ce projet à Jacques Giérak, un spécialiste des sources d’ions qui a obtenu la médaille de l’innovation du CNRS en 2023.

Ce scientifique s’est d’abord fait connaître en développant une sorte de canon à ions pour la nanoélectronique. « L’idée de transporter cette technologie pour la propulsion spatiale est arrivée à partir des années 2010, sous l’impulsion de deux collaborations : l’une avec le MIT, et une autre plus récente avec l’Agence spatiale française », poursuit Thomas Hiriart.

Dans le détail, le moteur mis au point par ION-X mesure environ 10 cm3 : à l’intérieur, des dizaines de milliers de pointes de taille nanométrique servent de « paratonnerre », intensifiant très localement un champ électrique pour permettre l’extraction de très fines particules ionisées, qui partent à plusieurs centaines de kilomètres heures sous l’effet du champ électrique appliqué, créant ainsi une force propulsive.

Le moteur de ION-X mesure environ 10 cm3.
Le moteur de ION-X mesure environ 10 cm3. (ION-X)

La société veut équiper des satellites dont le poids est compris entre 10 et 150 kg. « Cette technologie est ultra-intéressante pour les petits satellites parce que nous arrivons à fournir une poussée intéressante et une endurance record, tout en étant ultra-compact », résume le dirigeant. Les autres promesses sont environnementales et économiques, puisque ce type de propulsion réduit la consommation de carburant d’environ 30 %, avance la société francilienne.

Un marché dynamique

Grâce à la miniaturisation des composants et la baisse des coûts, le marché des petits satellites a explosé ces dernières années. Il est tiré par des applications telles que l’observation de la Terre, le développement des réseaux de communication, la recherche scientifique, la surveillance des zones de conflit, etc. En France, il existe d’autres start-up qui développent des moteurs, comme Exotrail (propulsion à base de xénon) ou ThrustMe (propulsion à l’iode).

« Nous sommes sur un marché très porteur. Et nous ne sommes qu’au début de la courbe de croissance », estime Thomas Hiriart. La société entend vendre ses moteurs aux fabricants de satellites afin qu’ils les intègrent directement dans leur produit. Et, pour les convaincre de son savoir-faire, quoi de mieux qu’un test concluant en condition réelle ?