19 janvier 2021
Spécialiste du « modelage » complexe de la lumière, l’entreprise rennaise s’allie à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales pour un programme de recherches sur les transmissions lasers entre satellites.
Programme lunaire de la Chine, montée en puissance des industriels privés (SpaceX), nouveau lanceur européen Ariane VI, conquête de mars… L’espace est plus que jamais redevenu, à l’échelle mondiale, un domaine d’exercice de la souveraineté, voire un champ de conflictualité.
C’est ce contexte de concurrence géopolitique et industrielle qu’il faut avoir en tête pour mesurer l’intérêt du projet dans lequel se lance Cailabs (59 salariés).
Fondée en 2013, cette entreprise française de la « deeptech » (une entreprise dont l’innovation est issue des laboratoires de recherche), spécialisée dans la mise en forme complexe des faisceaux lumineux, intègre un programme de recherche du centre national d’études spatiales (CNES) consacré aux systèmes orbitaux.
Pour cela, Cailabs va travailler en collaboration avec l’Onera, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales.
La finalité de ce programme de 18 mois est d’améliorer les solutions de communications laser avec des satellites par l’étude d’un module innovant de compensation de la turbulence atmosphérique. Cailabs et l’Onera vont mettre en commun leur expertise dans les domaines respectifs de la mise en forme de la lumière, de la communication optique en milieu turbulent, et des systèmes orbitaux.
« Ce projet a pour objectif de développer et d’évaluer les performances d’un module innovant de compensation de la turbulence atmosphérique dédié aux communications laser avec des satellites, précisent les deux partenaires. Un des verrous au déploiement des technologies de communications laser est de disposer d’une interface efficace et compétitive entre la lumière venant de l’espace et les équipements télécoms terrestres standards ».
La technologie de modelage complexe de la lumière fait déjà aujourd’hui l’objet de 19 brevets. Ses composants innovants trouvent leur place dans des domaines variés, du câblage aéronautique aux réseaux locaux d’usine, en passant par la fabrication additive.
« La technologie Multi-Plane Light Conversion de Cailabs nous permet de manipuler extrêmement finement la forme de la lumière, explique David Allioux, en charge du produit dédié aux communications laser à Cailabs. Nous sommes ainsi capables de collecter un faisceau lumineux, même très perturbé, dans une fibre optique télécom standard ».
En intégrant ce programme sur les systèmes orbitaux, associé à l’ONERA et le CENS, Cailabs ne cachent pas ses ambitions. « Nous espérons pouvoir contribuer à l’émergence d’une filière française en communication optique spatiale, se réjouit Jean-François Morizur, PDG de Cailabs. C’est, bien sûr, un enjeu technologique et industriel, mais également un enjeu de souveraineté car c’est en lien direct avec la sécurisation des moyens de communications. »
Il y a quelques mois, en octobre 2020, le ministère des armées a déjà décerné à Cailabs le label « UAF » (utilisé par les armées françaises) pour sa technologie Aroona, un boîtier qui améliore la capacité de transmission des fibres optiques.
Cailabs vient par ailleurs de signer un partenariat avec Acome, spécialiste de la fibre optique, pour développer « une offre de câbles et de solutions innovantes destinées à rendre les bâtiments tertiaires, industriels et les campus plus connectés, économes et évolutifs ».
Cailabs s’est aussi rapproché de distributeurs pour gagner des marchés en Chine, en Inde et en Corée du Sud, et espère bientôt au Japon.
L’entreprise rennaise a par ailleurs ouvert un bureau à Paris, près de la gare Montparnasse, et recruté trois commerciaux (deux à Paris et un à Grenoble). Cailabs, actuellement installée dans le quartier Bréquigny, à Rennes, et boulevard Henri-Fréville, devrait aussi déménager dans un bâtiment neuf en 2022, dans le secteur de la route de Lorient.
Créée en juin 2013, spin-off du Laboratoire Kastler Brossel, la société CAILabs a développé une technologie innovante de traitement des faisceaux lumineux.
Depuis 2014, elle commercialise des produits innovants qui permettent d’augmenter le débit des fibres optiques. En 2015, l’opérateur japonais KDDI établit le record du monde de débit sur fibre optique à l’aide de composants CAILabs, et en 2016 la solution AROONA pour les fibres optiques LAN obtient de nombreux prix d’innovation dont le prix Digital-In-Pulse de Huawei.
Les solutions conçues et développées par CAILabs ont le potentiel pour toucher bien d’autres secteurs et filières industrielles comme l’aéronautique ou la fabrication additive avec des applications dédiées.